
Avant, les choses étaient simples. L’unité de temps, la seconde, se définissait comme le 60e de la minute, elle-même le 60e de l’heure, elle-même le 24e de la journée. Bref, comme la 86 400e partie du « jour solaire moyen » déterminé, lui, par les astronomes. C’était la rotation de la Terre qui disait le temps, comme elle l’avait toujours fait dans l’histoire de l’humanité. Mais ce tournoiement n’étant pas régulier, la définition de la seconde fut une première fois modifiée, en 1960, pour se référer non plus à la journée mais à l’année.
Enfin, il y a un demi-siècle, le 13 octobre 1967, l’astronomie perdit la main sur l’unité de temps pour la céder à la physique : la 13e Conférence générale des poids et mesures (CGPM) décida que la seconde équivalait à « la durée de 9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyperfins de l’état fondamental de l’atome de césium 133 ». « L’idée de cette nouvelle définition vient du fait qu’un atome porte en lui-même une oscillation stable et universelle, pourvu qu’il ne soit pas perturbé », explique Sébastien Bize, directeur adjoint du laboratoire Systèmes de référence temps-espace (Syrte, une unité mixte de recherche CNRS, Observatoire de Paris, PSL Research University, Sorbonne universités, UPMC, LNE).
Temps atomiqueLes horloges atomiques sont les dispositifs qui permettent d’accéder à cette propriété intime des atomes. Et, en 1967, ces horloges avaient été perfectionnées au point de donner un temps plus stable que celui de la Terre.
La seconde qui rythme nos vies a donc cinquante ans. Ce Temps atomique international (TAI) n’est pas l’affaire d’une seule machine, souligne Sébastien Bize : « Faire une échelle de temps, c’est faire quelque chose qui ne s’arrête jamais. Or un laboratoire tout seul est potentiellement fragile : il peut y avoir une panne de courant, une inondation, un déménagement....